La journée était splendide et Amarante avait décidé de prendre une glace à son glacier préféré avec descendante la petite Aglaé 7 ans. Cette dernière après avoir empiffré sa glace avait cependant décidée d’aller s’amuser avec d’autres enfants dans une air de jeux mise à disposition des plus jeunes. Amarante elle était installée vêtue d’un croc-top en mousseline rose et d’un pantalon taille haute patte d’éléphant en flanelle blanche sur la terrasse de l’établissement et était en train de travailler sur son iPad.  Car même si dernièrement elle déléguait de plus en plus pour profiter de son fiancé, elle ne pouvait s’empêcher de garder un œil sur ses affaires un minimum, elle avait toujours été une workhalic. Sa glace était terminée depuis bien longtemps alors elle avait commandé un coke diet pour laisser jouer Aglaé et ne pas occuper une table sans continuer de consommer.  Son hôtel New-Yorkais allait ouvrir le mois prochain, elle était tellement excitée, mais il lui manquait encore un nom elle n’arrivait pas à se décider. Sigvard et Constantin lui laissaient carte blanche estimant qu’elle avait plus d’instinct pour cela.  Elle porta la paille de son coca à ses lèvres pour en boire une gorgée. Avec son stylet elle nota quelques idées comme Le Babel, Le Celeste ou encore Le Nyx. L’esprit était totalement absorbée par ce qu’elle faisait, elle ne vit pas une grande brune s’approcher d’elle, ni ne l’entendit car elle avait mis ses airpods pour écouter quelques musiques que lui avait conseillé Ezéchiel. Si bien qu’elle sursauta et renversa sa boisson en entendant le prénom Eve atteindre ses oreilles malgré la music. Elle s’écarta cependant assez vite avec son ipad en main pour ne pas tâcher sa tenue. Calmement elle se tourna vers la brune qui avait une allure méditerranéenne. Son regard ne trompait pas absolument elle semblait la connaitre, mais elle ne se rappelait absolument pas qui pouvait être cette personne alors Amarante tenta de gagner du temps.

- Ce n’est pas grave, tu m’as surprise…

Une serveuse accourait déjà pour réparer l’accident, Amarante examina rapidement plus en détail la brune. Elle semblait avoir sensiblement le même âge et l’avait appelé Eve, une connaissance de son enveloppe corporelle donc, une ancienne amie peut-être. La serveuse avait déjà épongé l’accident et ramassé le verre. Amarante la remercia pour gagner quelques secondes de plus en espérant que la brune en dirait plus et la mettrait sur une piste. Elle déconnecta ses airpods pour bien l’entendre.

Amarante tentait calmement d’analyser la situation ce n’était pas la première ni la dernière fois que ce genre de chose lui arriverait. Même si elle faisait en sorte que ses corps aient le moins de connaissance possible il en restait toujours. Même quand elle avait traversé l’atlantique quand peu avait le courage, Constance son premier corps était tout de même tombée sur une connaissance et avait du dealer avec, sauf qu’à l’époque elle avait la mémoire de Constance. Cependant d’autres corps avec qui elle avait vécu la même chose n’avait pas cet avantage et elle s’en était toujours sorti, très rarement en tuant donc elle pouvait s’en sortir. Premièrement la femme s’était presque littéralement jetée dans ses bras, elles étaient donc très proche, elle ne devait pas être formelle avec elle. Ama continua de l’écouter avec attestation, la femme semblait habillée assez élégamment, pas de très grosse marque ostentatoire, mais elle devait avoir un bon niveau de vie. Elle pouvait rayer le fait que se soit une connaissance d’Henry son mari, ce dernier n’était pas un animal très sociable, il était doué à la bourse c’était de là que le couple tenait son train de vie. Sa belle-famille la voyait comme une feignasse et elle avait prétendu des failles de sa mémoire à l’enterrement, elle aurait rencontré cette femme à ce moment-là. C’était donc une connaissance d’Eve Cartier, il y avait son passé avant Henry, les cours de yoga auxquelles elle était accro, pas grand-chose d’autres. Elle ne s’était pas revue depuis un moment, avant l’accident au moins cela ne faisait pas grand-chose pour déduire. Elle ne pouvait pas l’envoyer paitre sans en savoir plus, enfin si elle le pouvait, qu’allait-elle faire si elle suspectait quelque chose ? C’était probablement une humaine, elle pouvait appeler son elfe noir garde du corps qui devait trainer dans les parages à veiller sur elle, prétendre une urgence, récupérer Aglaé, partir en s’excusant et en promettant de donner au plus vite plus de nouvelles. C’était le plan parfait, mais le plan parfait fut bousculé par la petite tête blonde d’Aglaé sanglotante le genou pas mal écorché lui tirant la manche.

- Mamiiiieeeeeeee, un garçon m’a poussé, je suis tombée et j’ai maaaaaal, tu peux me donner des larmes…
- Oh mon trésor, fit aussitôt Ama s’agenouillant pour examiner le bobo son instinct de mamie poule en éveil.

Habituellement si Aglaé n’avait pas été aussi secoué intelligente elle l’aurait appelé Ama en remarquant l’étrangère, mais là elle avait mal, ce n’était pas de sa faute. Ama espéra que l’étrangère n’avait rien entendu, mais elle y vit aussi une porte de sortie.

- C’est la fille d’une amie, je suis sa marraine j’ai promis de la garder et j’ai fait un terrible boulot visiblement. Je suis désolée je vais devoir te laisser pour la faire soigner, je promets de te donner des nouvelles rapidement.

Elle offrit un grand sourire amical, elle prendrait des renseignements sur la femme, elle revérifierait tous les réseaux sociaux d’Eve Cartier, ses livres de lycée, la liste de ses camarades d’université même, elle trouverait qui elle était, ferait même un portrait-robot. Quand elle saurait elle agirait comme il le faudrait. Instinctivement elle donna un baiser sur le front de sa descendante.

- J’appelle mon chauffeur Aglaé, tout ira vite mon cœur, elle commençait déjà à composer le numéro de Williwaw son elfe noir pour qu’il vienne vite les évacuer.

Elle se tourna de nouveau vers Eve tout en caressant la tête de sa poupée doucement.

- Je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelle, mais après mon accident de voiture et la mort de mon mari ça a vraiment été compliqué.

C’était une bonne excuse pour avoir fait la morte, le deuil de son mari ça, probablement son interlocutrice se sentirait mal et n’insisterait pas. Amarante se mordit fort sa langue et ses yeux s'humidifièrent sous la douleur, elle savait être bonne actrice.

Son échappatoire fut un total échec, l’inconnue semblait s’y connaitre en soin médicaux, une infirmière, peut-être mieux, un médecin elle semblait bien habillé et soigné, les infirmières pas toute semblait rarement aussi pimpante, son expérience en tant qu’aide durant la seconde guerre mondiale l’avait lessivé.  Donc c’était son premier indice elle travaillait dans le milieu médical et si elle avait été un médecin qui c’était occupé d’Eve lorsqu’elle était dans le coma. C’était une possibilité. Aglaé en petite fille bien élevé et surtout et avant tout intimidée par cette inconnue se laissa faire comme une sage poupée. Et tout comme une enfant elle oublia son chagrin quasi instantanément et déclara toute souriante.

- C’était pas grand-chose en faite, j’ai déjà vu des choses plus effrayantes que ce freluquet comme des vampires ou des dragons, je vais retourner jouer et… Elle retint de dire le fond de sa pensée et fila comme un feu follet direction l’air de jeux comme si rien n’était.
- Merci de l'avoir soigné. Cette enfant a beaucoup d’imagination, s’expliqua rapidement Amarante avant de rebondir rapidement sur le sujet de son deuil espérant encore mettre mal à l’aise son interlocutrice pour s’échapper de ses griffes.

Malheureusement encore une fois sa stratégie fut un pur échec définitivement navrant. La femme l’appela ma chérie, sa première théorie était donc meilleure elles étaient proches par le passé et merde. Ma femme la pris dans ses bras et la serra, Ama n’était pas de nature tactile avec les inconnus et fit de son mieux pour naturellement accepter l’étreinte, le contraire eut été définitivement suspect.  L’étreinte se stoppa enfin et elle la laissa parler. Etudes, parents décédés…

- Je n’ai pas été là non plus pour tes parents. Ne t’en veux pas trop pour ça. J’ai mis du temps à m’en remettre je ne vais pas mentir, si elle avait été proche elle pouvait peut-être se permettre cette confession, elle se rassit, j’ai passé des semaines dans le coma après notre accident de voiture j’ai failli être débranchée et un miracle est arrivée je me suis réveillée, je m’en suis énormément voulu de m’en être sortie et sans mentir j’ai songé à mourir, elle avait songé à mourir, mais pas pour Daniel, mais du coup au moins son mensonge sonnait juste, jusqu’à ce qu’un homme entre dans ma vie, il y avait toujours été mais comme on a une différence d’âge assez conséquente je ne le voyais pas du tout comme un potentiel partenaire. Je m’étais trompée, nous sommes fiancés, elle monta sa belle émeraude, Daniel aura toujours une place dans mon cœur, mais je ne pouvais plus vivre dans son souvenir.

Ou dans son ombre, Eve avait toujours été l’épouse parfaite pour Daniel d’une dizaine d’année plus âgée qu’elle, la seule chose qu’elle ne lui avait pas avait apporté c’était des enfants, ils avaient tenté, elle avait fait une fausse couche d’après les dossiers médicaux. Mais après avoir fait examiner son corps par Dorian, le corps d’Eve n’était pas le problème et Ezéchiel avait eu Diona, ils n’auraient pas de problème à avoir un enfant, elle l’espérait du moins, le corps d’Ezéchiel n’était plus si jeune.

- Bien sûre assis-toi… Comment as-tu perdu tes parents si ce n’est pas trop difficile à raconter ? Tu veux commander quelque chose je te l’offre, moi je reprendrais bien un coca zero.


Amarante était fluette, moins qu’Eve ne l’avait été, car elle aimait avoir un peu de muscle, mais depuis qu’elle programmait son mariage, elle ne pensait qu’au photo qui grossissait et faisait extrêmement attention à tout ce qu’elle mangeait pour être parfaite.

- Oui mon Aglaé est parfaite, gagatisa un court instant Amarante. Elle tient ça de son père, il est docteur comme toi c’est lui qui s’est occupé de moi.

Amarante jouait un peu avec le feu, Eva pouvait être juste infirmière et avoir un bon mari, mais elle ne voyait ni bague ni démarcation, elle jouait avec le feu bon sang, mais elle devait aussi essayer d’être convainquante au pire elle mettrait sur le dos de son accident et s’excuserait d’avoir menti en prétendant qu’elle l’avait reconnu.

- Dorian Boet est un excellent médecin. Tu dois connaitre sa famille, elle fait partie des plus riches de Californie, je ne sais pas quelle bonne fée m’a touché, mais ils m’ont même engagée après ça. Je suis la styliste familiale.

Premier faux pas de sa part. Eve avait toujours été très élégante, mais pas si passionnée de mode que ça juste elle aimait bien paraitre, être belle pour son époux et sa famille, elle revêtait des vêtements de luxe, mais elle laissait les vendeuses les choisir pour elle. Amarante ne le savait pas, elle s’était juste fiée au photo instagram qu’elle avait laissées et avait juste prétendu s’y être plus intéressée pour son boulot, mais en réalité Eve n’avait été qu’une jolie poupée que sous la pression de ses parents qui espéraient que par sa beauté elle leur apporte prospérité et elle l’avait fait comme une fille obéissante. Les instants vécus avec Eva durant leur adolescence avaient été de rares moments de liberté, mais ça elle ne le savait pas. Le père d’Eve était mort d’un avc et sa mère souffrait d’Alzheimer. Elle rendait régulièrement visite à la vielle dame comme Eve Cartier l’aurait fait, mais elle lui soutirait peu d’information, tout était très confus. Elle la remercia ensuite, elle lui monterait une photo d’Ezéchiel plus tard, elle ne voulait que cette femme croie qu’elle épousait le premier homme un peu riche venu, Ezéchiel était un beau morceau et elle voulait le lui montrer, son orgueil ne pouvait supporter qu’on la pense vénale et de si petite vertu. Elle bifurqua plutôt sur une question sur Eva en espérant en savoir plus, elle ne savait toujours pas son prénom, c’était problématique. Elle avait espéré qu’elle se présente à Aglaé, mais elle ne l’avait pas fait.  

Elle remarqua qu’Eve touchait un bijou, la pierre lui rappela étrangement celle d’un bijou de jour, mais la personne en face d’elle avait tout d’une humaine et c’était peut-être un simple bijou, elle avait tendance à être paranoïaque c’était juste dans sa nature. La brune lui expliqua ensuite sa triste histoire, une triste histoire, mais aussi une bien mystérieuse histoire. Amarante attrapa une main de son « amie » entre les siennes, elle prit une mine profondément désolée et s’exprima.

- J’ai perdu aussi mon père d’un avc, mais les circonstances du décès de tes parents sont si tragiques, ce n’est rien comparé à moi. Ce que j’ai vécu était le destin, toi c’était un crime, je suis tellement désolée. Je connais un ami qui travaille à la police, je ne sais pas si je peux t’aider, mon petit ami est aussi un inspecteur privé très doué. Je saurais le convaincre de ne rien te faire payer, fit-elle avec un sourire malicieux tentant de détendre l’atmosphère. Si tu as besoin de quoique ce soit je serais là. Tu as raison trinquons et ne nous quittons plus sans nouvelle aussi longtemps.

Leurs boissons étaient aussi arrivées et les femmes trinquèrent. Amarante essayait de trouver un moyen de tirer les vers du nez de son interlocutrice.

- J’organise une fête pour mes fiançailles, elle en organisait même trois, mais c’était un peu compliqué à expliquer pourquoi, tu pourrais venir et amener quelqu’un si tu le souhaites. Veux-tu voir une photo de mon fiancé ?

Oui autant parler de sujet léger tel que les garçons pour faire mine d’être proche. Pour le carton de fiançailles elle demanderait si elle n’avait pas une carte de visite avec son adresse ou si elle ne donnait que son adresse, elle demanderait à Sigvard ou Ezéchiel de vérifier qui y vivait. Comme cela elle aurait son nom si elle ne l'avait pas à la fin de cette conversation.