Cher journal... (introduction bateau par excellence) Je me désespère parfois ! Que dire, à part qu'il n'est jamais facile d'avoir de l'ambition quand vos parents en ont déjà pour deux. Quoique, à bien y réfléchir, je ne suis pas certain que ma mère souscrive à tout ça. En revanche, je sais qu'elle aime mon père. Il suffit de voir le regard qu'elle pose sur lui et le sourire qu'il lui rend au centuple. À eux deux, ils ne sont que douceur et rendraient chèvre tous leurs détracteurs, c'est sûr ! Mais parfois, j'envie ma mère d'avoir le droit à tant d'égards. Avec moi, mon père est dur, il se montre rapidement impatient et ne me laisse passer que très peu de chose. Mais je ne peux me résoudre à lui en vouloir, car je sais qu'il n'a pas eu une jeunesse facile et qu'en agissant de la sorte, il veille à ce que je n'emprunte pas les mêmes chemins de traverse. Mais franchement, ce n'est pas facile tous les jours, surtout quand on approche les quinze printemps et que l'on rentre pleinement dans cette phase de l'adolescence où tout est difficile à gérer, plus encore les sentiments. Je peux toujours me consoler en me disant, qu'ils étaient quand même fiers, tous les deux (à leur façon) lorsque l'année passée, je fus admis à l'académie de Ravenwood. C'est une étape importante dans la vie d'un jeune sorcier de Los Angeles, encore plus importante pour mon père qui n'avait pas eu la chance d'avoir accès à un véritable enseignement magique. Il ne rentrait jamais dans les détails, honteux de sa vie passée, mais je savais que cette lacune, il la regrettait encore aujourd'hui et j'imagine que c'est ça, qui m'a poussé à tout mettre en œuvre pour le rendre encore plus fier de moi et quelque part attiré son attention et sentir son amour sur moi. Oui, mes seules véritables ambitions étaient de leur rendre fier, car je savais par avance, que ma mère était déjà acquise à ma cause.
J'étais gentil, (gentil n’est pas un métier aux dernières nouvelles) vous savez le genre de gamin serviable prêt à aider ses camarades en cas de besoin. Pour moi, c'était logique d'agir ainsi, ma mère m'ayant enseigné des valeurs de partage et cette propension naturelle chez elle, à l'altruisme. Pour certains, cela ne passait pas, soit ! Je me réfugiais alors, sur les temps de pauses, dans la lecture de vieux grimoires mises à disposition à la bibliothèque. Moi, toujours avide de nouvelles connaissances et dans la recherche de l'excellence toujours dans cette optique de captation de la fierté paternelle. Je voulais (devais) être le meilleur pour lui faire honneur, lui qui était presque parti du bas pour atteindre le plus haut. C'était, je crois, un bon projet et je n'emmerdais personne à tout mettre en œuvre pour le réaliser. Du moins, c'est ce que je croyais, je me suis vite attiré les moqueries et d'un naturel timide, ça ne m'a pas aidé à me sentir à l'aise par la suite. Il ne se passait pas un jour, sans que je vois posé sur moi, leurs regards hostiles, que j'entends ces odieux murmures. Je me sentais si seul, qu'il ne se passait pas un jour sans que je couche, comme aujourd'hui, ma peine sur le papier et que je tente d'invoquer mon familier qui ne s'était toujours pas présenter à moi. Résigné, j'ai fini par croire, que peut-être, je ne méritais pas d'en avoir un et que j'étais destiné à rester Karlito, le looser solitaire. Cela avait portant si bien commencé !
Oui, Karl Fitzgerald était quand même du genre tenace... Et j'ai continué à redoubler d'efforts juste pour être le meilleur de ma promotion. Dans le fond, je me fichais bien de me mettre certaines personnes à dos. Mais il ne se passait pas un putain de jour sans que les ricanements persistent à mon encontre. Pas un jour sans moqueries... Ouais il n'y a pas à dire, ma perspective de sociabilisation était de ce fait, mise à mal, mais il me fallait continuer à prendre sur moi pour ne rien laisser paraître lorsque je regagnais le domicile familial après une semaine d'internat. Mon père avait d'autres choses à penser avec les responsabilités dont on l'incombait au sein du coven. Il était devenu le bras droit de notre régent, une fierté et pour lui et pour ma mère et encore plus de pression pour moi. J'en étais arrivé à espérer vite en finir avec les études, pour enfin voler de mes propres ailes et m'exemptais de brimas et de toutes ces merdes qui polluaient mon quotidien scolaire, si je puis dire. Parallèlement à cela et puisque le sentiment de solitude s'était accru, je continuais d'invoquer mon familier que j'espérais voir paraître pour combler la rudesse de ma solitude. Une apparition qui tardait encore, comme si quelque part, même un familier rechignait à se lier à moi. L'histoire sans majuscule aurait pu s'arrêter là si par un soir de mai 1992, je ne m'étais pas « légèrement » fait bousculer. C'est le terme adéquat pour rassurer ma mère lorsqu'elle m'a vu rentrer avec quelques coupures sur le visage. Je me suis surpris moi-même à rendre les coups. Je ne voulais plus subir, j'étais fatigué de tout garder pour moi, de devoir marcher droit pour n'avoir aucun ennui, de subir tous les jours, d'être rabaissé sans raison. J'ai craché ma peine et mes poings dans leur face de connards. Mais ils étaient plus forts, plus âges, plus nombreux et j'étais seul comme toujours. Je n'y croyais plus, alors j'ai laissé tomber et il est apparu, enfin. Lui, grand, imposant, vif, un loup. Bon sang, mon familier est un loup ! Jamais je ne me serais attendu à ça. Il était beau et il l'est encore, fascinant par la présence et troublant par le regard, car semblable au mien. Il a failli devenir mon bras armé, avant que je ne reprenne la raison et que je lui ordonne d'arrêter. J'ai hésité à le faire pourtant et je me sens tellement coupable d'avoir l'espace d'un instant, laissé l'hésitation me gagner. Je ne veux pas être ce genre de sorcier, la loi du Talion n'est pas mienne. C'est la dernière fois que je parle de ça, la dernière...
Penelope Fitzgerald tenait entre ses mains, le journal de son fils. Elle n'était pas fière de l'avoir lu et d'avoir ainsi brisé son intimité. Mais elle ne pouvait se résoudre à rester sans rien faire. Une mère sent quand son enfant va mal et très clairement, elle avait la certitude de voir son petit prince s'éloignait depuis son entrée à l'académie. Et plus la rentrée approchait et plus le jeune adolescent faisait montre d'une humeur changeante. Il fallait prendre les devants et c'est ce qu'avait fait la mère de Karl en cherchant ce journal dans lequel elle le voyait écrire quotidiennement. Elle voulait juste comprendre, sans poser les questions qui fâchent. Arthur lui-même était peiné de voir son fils si malheureux, mais ne laissait rien paraître comme toujours. Il préférait se confier à sa femme, lorsqu'ils se retrouvaient seuls. Conjointement, ils prirent la décision de ne rien faire pour l'instant, mais de garder un œil sur Karl. Matthew Crawford, ami de toujours, s'était porté volontaire, pour cette tâche, qu'il jugeait ingrate, mais nécessaire pour continuer à mettre Arthur et Penelope en confiance.
Septembre 1992 : Rentrée à l'académie. Deuxième année pour certains. Youpi !!! Cher journal, ça recommence, me voilà de retour en enfer...
Il délaissa cependant son précieux journal, pour regagner les allées. Sur sa route, il croisa l'un de ses détracteurs, qui le fuit aussitôt du regard. Un second lui passa devant rapidement. Sourcils froncés, Karl en arrivait à se demander s'il était lépreux, mais il comprit, en sentant la présence accrue de Maze, son familier, qu'il était fort possible qu'il ait un peu de répit cette année. C'est donc le sourire aux lèvres qu'il reprit sa route et qu'il rentra par inadvertance dans quelqu'un qui avançait, de toute évidence, dans le sens opposé. « - Ah mince ! Je suis vraiment désolé. » lança-t-il presque tout penaud en commençant à ramasser tous les livres qu'il avait emportés dans sa chute.
Enfin nous y sommes ! Lundi, je ferai ma rentrée à l’academy. Papa et Maman sont déjà si fiers de moi. Il faut dire que j’ai pris un peu d’avance cet été, ils m’ont appris quelques bases. Enfin ! Depuis des années que je mourais d’envie d’apprendre, et qu’ils me disaient que mon heure arriverait… L’heure est arrivée ! Je suis si heureuse. Bon, j’ai un petit pincement au coeur de quitter mes amis mortels mais je sais que tôt ou tard, nos chemins se recroiseront. Ou peut-être pas, de toute façon, je le sens, mon destin est du côté de la magie blanche. […]
La jeune Lyanna, quatorze ans et demi, allait enfin faire sa rentrée des classes à l’academy. Ce jour qu’elle avait attendu pour ainsi dire toute sa jeune vie. Sa mère l’avait aidée à choisir sa tenue, car la jeune fille voulait que tout soit parfait. Le souci du détail, un trait de caractère qui ne la quitterait jamais. Cela faisait à peine une demi heure que Lily était arrivée dans l’établissement qu’elle était déjà entourée d’une petite cour de nouveaux amis. Il fallait dire que la beauté et le charisme qu’elle dégageait déjà avait tendance à attirer. C’est ainsi qu’avec son groupe de cinq sorciers, ils arpentaient les couloirs, découvrant leur nouveau territoire. L’un d’eux avait une grande sœur de deux ans son aînée, et une autre un grand frère d’un an de plus, ainsi, ils avaient déjà une vague idée des lieux et des personnes qui s’y trouvaient, notamment les enseignants. Lily se délectait des histoires qu’elle entendait de la part de ses camarades qui en avaient entendues, notamment à propos du professeur de potions qui était un farceur.
Ses livres et grimoires en mains, l’adolescente marchait, accompagnée de ses nouveaux amis, en direction de la salle de leur premier cours, qui serait justement celui de potions. C’est alors que quelqu’un la percuta sous le regard éberlué du petit groupe. Evidemment, elle comme lui lâchèrent leurs livres qui se mélangèrent au sol. Lily était restée bien droite et fière tandis que le jeune homme s’empressait de se baisser pour tout ramasser. Elle s’apprêtait à le réprimander lorsqu’il leva son regard vers elle pour s’excuser. Ses yeux… jamais elle n’en avait vu de pareils. Des iris d’un bleu océanique magnifique. Légèrement troublée, la jeune sorcière se reprit néanmoins.
- Ce n’est pas grave… Enfin, ne le refais plus !
Elle tendis les mains, paumes vers le ciel, pour qu’il lui rende ses livres, ce serait la moindre des choses. Puis, l’incident passé, elle reprit sa route, accompagnée de sa cour.
- Qui est-ce ? demanda-t-elle finalement.
Celui qui avait un grand frère s’empressa de répondre.
« - C’est Karlito. Enfin, Karl Fitzgerald. T’approche pas de lui, c’est un idiot, personne ne l’aime. Il s’est même battu avec mon frère l’année dernière. »
Lily hocha la tête pensivement. Pourtant, il n’avait pas l’air méchant. Juste un peu… maladroit ? Le cours de potions fut intéressant. Lyanna fit preuve de beaucoup de connaissances ce qui impressionna son professeur et ses camarades. Le soir venu, elle appela ses parents pour leur raconter, comme promis, sa première journée. Monsieur et madame Johnston avaient profité de ce que leur grande fille était pensionnaire désormais à l’academy pour retourner retrouver leurs racines à Salem où ils étaient attendus. Lily espérait continuer à les rendre fiers et devenir un jour, comme eux, une grande sorcière.
Les premières semaines se déroulèrent à l’image de son premier jour, la jeune fille faisant preuve d’un talent irréfutable pour la magie élémentaire, tout comme ses parents avant elle. Elle en profitait pour aider ses nouveaux amis dans les matières pour lesquelles ils peinaient. Les garçons commencèrent à lui tourner autour, les filles à la jalouser, et son petit groupe à s’agrandir. Toujours souriante, épanouie, Lyanna était comme un poisson dans l’eau à l’academy. Et son regard ne manquait pas de s’attarder sur un certain deuxième année à chaque fois qu’il passait, solitaire, dans les couloirs. Il n’avait pas échappé à son œil de lynx que le jeune homme était souvent victime de moqueries et de messes basses, parfois même de bousculades qui étaient tout sauf accidentelles. Chaque fois, ça la faisait froncer le sourcil, elle ne supportait pas l’injustice. Qu’avait-il donc fait pour être aussi détesté ? Elle avait appris qu’il était le fils d'un homme important à Red House. Était-ce la raison ? Cela semblait futile. Alors qu’elle était à la grimoirothèque avec deux de ses comparses féminines à travailler sur leur cours de sortilège, les discussions étaient tout sauf dédiés aux devoirs.
« - La soirée de samedi promet d’être épique. Chad va sûrement encore essayer d’embrasser Lyanna ! » gloussa une des jeunes sorcières. « - Lily, tu devrais sortir avec Steve, il bave devant toi depuis la rentrée, en plus il est en troisième année, c’est carrément la classe ! »
Mais Lyanna avait le regard songeur, faisant tournoyer son crayon entre ses doigts avant de le laisser finalement léviter, quand soudain, il tomba net sur la table.
- C’est décidé, je vais lui parler ! souffla-t-elle.
« - A Chad ou à Steve ? »
- A Fitzgerald.
« - Karlito le taco ?! » s’écrièrent presque en même temps les deux autres jeunes filles.
- Ne l’appelez pas comme ça, plus jamais, dit-elle fermement.
Sous le regard de merlan frit de ses deux amies, Lyanna quitta la table avec ses affaires. Elle arpenta le couloir d’un pas décidé, les élèves se poussant sur son passage. De temps à autre, un élève tentait de lui parler, dont Chad et Steve qui tour à tour tentèrent de l’inviter à la fameuse soirée de samedi. On était vendredi soir, les élèves vidaient leurs casiers, traînaient, discutaient en groupe. Mais Lily ne répondait pas, cette fois, aux camarades qui lui parlaient. Elle avait un objectif en tête et s’y tenait, de peur de perdre le cap et ses moyens. C’est donc le coeur battant légèrement plus vite qu’à l’accoutumée qu’elle se planta devant Karl Fitzgerald, seul, comme toujours.
- Salut. Tu t’appelles Karl, c’est bien ça ? Moi c’est Lyanna. On s’est… croisés à la rentrée. Enfin, tu m’es rentré dedans, c’est plutôt ça qui s’est passé, dit-elle avec un petit sourire. Bref, c’est pas important. Je voulais savoir, tu as des projets pour demain ?
Son coeur commençait à se serrer. Ce garçon lui plaisait, mais il était tout sauf populaire, aussi, elle ne le connaissait pas, rien de bien personnel de circulait sur lui. Elle voulait trouver un prétexte pour mieux le connaître.
- J’ai… un devoir un peu compliqué en sortilèges, et je sais que tu es en deuxième année, alors je voulais savoir si tu étais disponible pour me donner un coup de main.
Bien sûr, c’était un mensonge, les cours lui paraissaient d’une facilité déconcertante, mais il fallait bien trouver une excuse.
- Peut-être que tu pourrais regarder ce que j’ai fait ? Et puis… si on a le temps, on pourrait aussi aller à la soirée ensemble ?
Voilà, elle s’était lancée, un premier pas, une perche tendue. C’était la première fois qu’elle devait faire des avances à un garçon. D’habitude, elle n’avait qu’à faire son choix parmi la multitude de prétendants qui se traînaient à ses pieds. Mais ce qu’elle voulait, c’était Karl. Elle tâchait de garder la tête haute sans mettre son léger embarras en avant. Elle était Lyanna Johnston, descendante des sorcières de Salem, elle n’allait pas être intimidée par un béguin d’adolescente. Certainement pas. Toujours souriante, elle pencha la tête de côté, attendant la réponse de son bel interlocuteur, sans remarquer tous les regards plus ou moins lointains rivés sur eux.
(c) DΛNDELION
Dernière édition par Lyanna Johnston le Dim 11 Aoû 2019 - 19:20, édité 1 fois
Karl légèrement confus, s'empressa donc de ramasser les grimoires qui jonchaient le sol, sous le regard de tout un groupe de première année. Il remarqua l'un des ouvrages qui lui avait été conseillé l'année passée par le professeur de potion qu'il appréciait malgré son excentricité. « - Fabrication avancée de potion ! » répéta-t-il à haute voix en lisant le titre de l'ouvrage qu'il rendit aussitôt à sa propriétaire. « - Je vois que ce cher professeur, le donne toujours en étude pour le premier semestre. Il faut commencer par la fin. C'est comme ça qu'il construit son cours, à l'envers. » Lorsqu'il croisa son regard, il ne put résister à l'envie de lui sourire, malgré les regards hostiles des camarades de la belle petite brune. Légèrement gêné d'être à nouveau pointé du doigt, il se pinça la lèvre inférieure et reprit aussi son chemin pour se rendre à son premier cours de la journée, en l'occurrence, un cours d'enchantement. Karl prit place, première rangée à gauche. Il se rendit vite compte qu'il y serait seul. Une fois encore, personne ne daignait lui adresser la parole. Toutes et tous avaient sûrement eut vent des évènements de l'année passée et ne préféraient pas se risquer à titiller un élève pourvu d'un « Canis lupus » en guise de familier. Il est vrai qu'il était assez rare, du moins à cette époque, de voir des familiers aussi imposants émerger, les chats, les araignées, les rats étant légions. Karl le cœur lourd, serra la mâchoire et tenta de ne rien laisser paraître comme toujours. Il se contenta de prendre des contes et de suivre scrupuleusement le cours. Que pouvait-il faire de plus ?
Premières semaines C'est l'éclate ! Cher journal, Je constate que tu es déjà rempli de moitié, preuve que finalement rien n'a changé. Je continue à faire ce que je fais de mieux, étudier, tandis que les autres.... À quoi bon ? C'est toujours le même refrain, les mêmes regards, les mêmes messes basses... Je me demande juste, ce que j'ai bien pu faire dans une vie antérieure, pour mériter ça ?
Assit sur l'un des bancs qui bornaient la cour et parce qu'il appréciait cette petite zone de verdure, Karl continuait entre deux révisions, à tenir son journal, son seul véritable compagnon excepté Maze, qu'il retrouvait la nuit tombée dans le parc. Il coucha une dernière phrase et soupira longuement avant de récupérer ses affaires et de retrouver la bibliothèque pour rendre les livres qu'il avait empruntés la veille pour réviser le cours de potion. « Bonjour Karl ! Tu avais encore du temps, tu sais ! » « - Oui, mais j'ai terminé et je me suis dit que d'autres en aurait sûrement besoin pour les révisions » Il sourit à la quinquagénaire avant de lui rendre les ouvrages et de s'éclipser pour se rendre à son prochain cours. Il était comme ça Karl, malgré tout ce qu'on lui faisait subir, il restait altruiste, comme sa mère le lui avait enseigné. C'était important pour lui de s'y tenir, plutôt que de céder à l'appel de la violence et de la haine. À quoi bon ? Ca ne l'avait pas aidé à se sentir mieux, quelques mois auparavant lorsqu'il s'était servi de ses poings pour faire entendre son raz le bol, au contraire. Il regagna la salle de classe, où les locutions latines fleurissaient déjà sur le tableau. Comme toujours, il se retrouvait seul. Il se consola toutefois en se disant que c'était la dernière heure de cours avec le week-end. Une semi-délivrance. La cloche sonna, toujours aussi harmonieuse et voilà qu'une multitude d'élèves regagna les couloirs. Karl se faufila dans foule, pour à son tour, rejoindre son casier et récupérer ses affaires de cours et d'internat. Il s'apprêtait à refermer son casier, quand il sentit soudainement peser sur lui un regard. Légèrement anxieux, il tourna les talons et fit face à une jeune fille, celle dans laquelle il était entré lors du premier jour. « - Oui, c'est bien ça » commença-t-il avec hésitation. « - Oui, je me souviens. Le livre de potion. » Elle lui demanda alors s'il avait des projets pour demain. Il leva le regard pour tenter de capter celui de potentiels détracteurs. « - C'est une blague ? Un pari ? » Elle continuait à sourire et ne semblait visiblement pas se dégonfler. « - Écoute théoriquement, on rentre chez nous le vendredi soir. Enfin, c'est le cas pour moi. » Il demeurait méfiant tant, on lui en avait fait voir de toutes les couleurs et se demandait ce qu'une fille visiblement populaire lui voulait vraiment. « - Attends, je ne suis pas sûr de comprendre. Quelle soirée ? »
Elle était là, face à lui, ce garçon qui lui avait tapé dans l’oeil le jour de la rentrée. Qui aurait cru que Lyanna Johnston aurait craqué sur un garçon aussi peu populaire de Karl Fitzgerald, elle qui, de tout temps, même chez les mortel, avait joui d’une popularité à toute épreuve ? Elle n’y pouvait rien, c’était ce qu’elle dégageait, une âme de leader, une personne en qui les autres avaient confiance pour les guider, une jeune fille charismatique à laquelle nombre de ses semblables voulaient ressembler. Le coeur battant promptement, car pour la première fois, elle avait peur de se prendre un râteau, Lily attendait la réponse de Karl. Il lui parla du livre qu’elle avait laissé échapper et qu’il lui avait conseillé de lire en commençant par la fin.
- Ah oui, le livre de potions, j’ai suivi ton conseil d’ailleurs, ça m’a valu la meilleure note à l’interro surprise la deuxième semaine. J’ai même pas pris le temps de te remercier, je m’en excuse. Merci pour le conseil.
Et alors qu’elle s’était lancée pour lui proposer de le voir le lendemain, le bel adolescent aux yeux bleus sembla douter, demandant s’il s’agissait d’une blague. Lily aurait pu se vexer, mais elle gardait son sourire vissé sur son visage.
- Mes parents sont à Salem, alors j’ai nulle part où aller le week-end. Théoriquement j’ai pas le droit de quitter l’enceinte de l’academy…
La brunette haussa les épaules d’un air faussement nonchalant avec un petit sourire espiègle.
- Mais si ça t’arrange, je peux toujours m’éclipser d’ici.
Et quand elle évoqua la soirée où ils pourraient potentiellement aller ensemble s’il était d’accord, Karl sembla ne pas suivre.
- Ben tu sais, la soirée dans la forêt. Tu n’as pas eu le flyer ?
Aussitôt, elle fouilla dans sa besace pour en sortir un petit papier plié en quatre qu’elle déplia pour le lui tendre. - Tout le monde va venir, ça a l’air très cool les fêtes étudiantes, et euh… j’avais pas trop envie d’y aller seule…
Mauvaise excuse, tout le monde savait que si une élève était loin d’être seule, c’était bien Lyanna Johnston. Son groupe était désormais formé de pas moins d’une dizaine de sorciers, elle avait l’embarras du choix des amis pour l’accompagner, sans parler de ses prétendants qui se bousculaient pour avoir ses faveurs.
- En fait, ce que je veux dire, c’est que j’ai vraiment envie que ce soit toi qui m’accompagnes… finit-elle par avouer en plongeant son regard dans le sien.
Voilà, c’était dit. Comment réagirait-il ? Lily eut soudain peur qu’il ne se renferme sur lui-même. Elle n’était pas dupe, elle savait bien qu’il était victime de moqueries, elle avait remarqué sa crainte d’être encore le bouc émissaire lorsqu’elle était venue à l’instant lui parler.
- Bon, écoute, je vais être franche avec toi si tu veux bien. Je ne suis pas aveugle, j’ai bien vu que les autres t’embêtent. Mais moi, je ne suis pas les autres. J’ai juste envie de te connaître un peu mieux. Alors je te propose un marché : tu viens demain pour qu’on regarde ensemble mon devoir, et si tu arrives à me supporter, on va à la soirée ensemble. Si tu me trouves trop bête pour toi, tu pourras repartir et ne pas m’accompagner. Et puis… dois-je te rappeler que tu m’as bousculée ? ajouta-t-elle avec un clin d’oeil espiègle.
Si elle paraissait sure d’elle, la jeune sorcière déployait des trésors d’ingéniosité pour faire pencher la balance en sa faveur, pour que le jeune homme accepte ses propositions. Elle n’avait eu de cesse de penser à lui depuis cette petite bousculade entre eux à la rentrée, et elle ne voulait plus voir d’autre garçon que lui. C’était devenu comme une idée fixe, et quand Lyanna avait quelque chose en tête, il était bien difficile de la faire changer d’idée. Elle se surprenait intérieurement à supplier son interlocuteur et se sentit bien bête de penser à des :
Karl avait fini par se convaincre qu'il ne serait rien de plus qu'un fantôme dans le meilleur des cas et un souffre-douleur dans le pire. Au bout de la deuxième année et aux vues du manque de changement, il en avait l'intime conviction, il demeurait Karlito le looser, durant les trois années à venir, tel était son destin. Il s'apprêtait donc à réunir ses affaires, pour regagner le domicile familial et continuait à faire croire à ses parents, que tout va bien. Mais de toute évidence quelqu'un avait choisi de mettre à mal ses plans. Il ignorait son prénom, mais la savait populaire au vu de toutes les personnes qui gravitaient autour d'elle. Tout ce qu'il détestait en amont, car les gens populaires sont les pires. Il était donc méfiant et observait attentivement les environs histoire d'être certain qu'il ne s'agisse pas d'une blague. Pour l'heure, il était question de livre de potion et de remerciement. « - Le professeur conçoit la difficulté comme une facilité et inversement. Il dit souvent être monté à l'envers. Fais quand même attention, il est farceur » Il préféra ne pas rebondir sur les remerciements tant c'était naturel pour lui. Elle, elle continuait à sourire alors qu'il l'avait presque éconduite en sous-entendant qu'il était question d'un piège. Elle continuait cependant à lui sourire, ce qui surprit l'intéressé. « - Salem est une ville intéressante en termes d'histoire des arts occultes et pour les touristes en mal de sensation. Donc tu ne rentres pas chez toi ? »
Ca surprenait Karl que l'on puisse rester dans l'établissement même le week-end. « - Pourquoi théoriquement ? Cela sous entend que tu ne comptes pas respecter ça. » Elle évoqua alors une soirée dans la forêt et sorti de sa besace, une petite affiche que Karl prit le temps d'observer. « - Je n'étais pas au courant, de toute façon, je n'ai pas la tête de l'emploi pour ce genre d'animation. Et puis tu n'es pas seule, tu as tes amis non ? » Et alors qu'il s'apprêtait à mettre de la distance entre eux, la jeune demoiselle lui fit très clairement comprendre qu'elle voulait aller avec lui. « - Moi ? Vraiment, si c'est une blague trouves-toi quelqu'un d'autre. » Il continua à observer les environs et de toute évidence, il n'y avait personne qui l'observait. Et puisqu'il n'était pas à une vérité prêt, la demoiselle livra son premier soliloque. Karl voulait partir, mais de toute évidence son corps n'était pas du même avis. « - Je ne pense pas que tu sois idiote, sinon tu ne m'aurais pas proposé un marché. Ok, admettons que tu ne cherches pas à t'en prendre à moi. On se voit demain alors. Je serais là aux alentours de 9 H » Il n'ajouta rien de plus et tourna les talons pour regagner l'extérieur où dans la voiture, sa mère l'attendait.
La belle adolescente hocha la tête tandis que son interlocuteur lui parlait du professeur de potions.
- Oui, on me l’a dit aussi. Mais j’aime bien son cours, il est très instructif.
Elle dut avouer que ses parents avaient mis les voiles pour retrouver Salem et que par conséquent elle devait, la plupart du temps, rester à l’internet les week-ends.
- On est originaires de là-bas dans la famille, on descend des premiers sorciers répertoriés à Salem. Ça faisait longtemps que mes parents voulaient y retourner, mais je voulais absolument venir dans cette academy, j’adore Los Angeles, alors ils ont attendu que je fasse ma rentrée pour y retourner. Ils viendront me chercher pour les vacances de Noël.
Lyanna ne put retenir un petit rire espiègle à la question rhétorique de Karl, laissant voir ses dents blanches étincelantes.
- Bah… disons que s’il y a plus intéressant à faire dehors, je n’ai rien contre le fait de faire le mur de temps en temps. Je fais rien de mal et tant que j’ai des notes exemplaires, mes parents ne diront rien.
C’est alors qu’elle parla de la petite sauterie qui aurait lieu samedi soir dans la forêt environnante. La première fête étudiante. Lily mourait d’envie d’y aller et elle voulait profiter de cette soirée pour tenter sa chance avec le garçon sur lequel elle avait jeté son dévolu. Mais celui-ci semblait sur la réserve.
- Y a pas de tête de l’emploi à avoir, on a bien le droit de s’amuser et décompresser le week-end. Il y aura de la musique, des bougies, à manger, à boire, certains viendront avec leurs familiers. J’ai tellement hâte d’avoir le mien. Vivement le 1er février.
Il évoqua alors ses amis avec qui elle pourrait aisément se rendre à la soirée. Lily soupira avant de reposer son regard dans celui de Karl. Ah, le bleu de ses yeux !
- C’est pas pareil… Et puis tu sais, y a ce garçon, Chad… il est un peu trop entreprenant avec moi et… je me disais que si tu étais là avec moi, il ne recommencerait pas. Mes amis garçons sont un peu trop gringalets et trouillards pour oser dire quoi que ce soit.
Elle ne put qu’être surprise quand il évoqua encore une fois l’éventualité que ce ne soit une blague et auquel cas, elle n’aurait qu’à trouver quelqu’un d’autre. Yeux écarquillés, Lyanna décida de se montrer un peu plus ferme en lui prenant le menton pour l’obliger à la regarder dans les yeux.
- Karl… Pourquoi est-ce que j’aurais envie de te faire une blague ? Regarde-moi dans les yeux, est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui fait ce genre de truc débile ? Si tu réponds oui, il se peut que je me vexe, genre vraiment, ajouta-t-elle avant de sourire à nouveau en relâchant son visage.
La jeune sorcière évoqua alors sa proposition de marché qui fut acceptée par Fitz. Son sourire s’élargit alors tant elle était heureuse et rassurée.
- A demain alors, 9 heures ici !
Elle le regarda s’éloigner et sauta sur place en tournant sur elle-même.
- Yes !
Puis, elle reprit sa route dans le sens inverse. Le couloir s’était vidé et ses deux copines l’attendaient devant l’entrée du dortoir.
- Ta mère passe toujours te prendre demain matin ?
« - Ouais, après on va chez l’apothicaire acheter des herbes pour qu’elle me fasse réviser. »
- Est-ce que tu peux me prêter ton gloss ?
« - T’es sérieuse, tu veux te faire belle pour Karlit… Karl Fitzgerald ? » s’étonna la seconde amie. - Les filles, pas de jugement, OK ? Je suis sure que si on apprend à le connaître et qu’on lui laisse sa chance, il est aussi cool que nous.
« - Si tu le dis... » « - ça reste un deuxième année, sortir avec un deuxième année, c’est cool ! Moi j’approuve ! »
Lily se mit à rire en hochant la tête.
- Enfin une qui commence à entrevoir la raison au bout du tunnel. Allez les filles, ce soit c’est masque à l’argile !
Et les demoiselles regagnèrent leur dortoir.
Le lendemain matin, Lyanna avait peaufiné le devoir qui lui servait d’alibi pour que Karl vienne la rejoindre. Elle ne voulait pas passer pour une cruche, il était hors de question de paraître idiote juste pour le valoriser lui, elle était bien trop fière. Elle préférait l’impressionner par ses connaissances, malgré qu’elle ne soit qu’en première année. A vrai dire, la magie élémentaire la passionnait depuis plusieurs années et elle avait commencé à étudier. Le devoir de sortilège traitait des différentes herbes à utiliser pour un sort de guérison. Lyanna connaissait déjà par coeur la liste des plantes bénéfiques et celles dangereuses, les combinaisons, les exceptions et son devoir avait été fait plus rapidement qu’elle ne l’imaginait.
9 heures avaient sonnées. Cela faisait bizarre de voir les couloirs vides. Lily s’était particulièrement pomponnée, choisissant une robe qui la mettait vraiment en valeur, des chaussures avec de légers talons pour ne pas paraître trop petite face à Karl. Elle avait soigné son maquillage léger, emprunté le gloss de son amie, et lissé sa longue chevelure brune en l’agrémentant d’une barrette sur le côté. Satisfaite de son allure, elle avait rejoint le casier de Karl avec sa pochette de feuilles en main et quelques stylos. Adossée de manière faussement nonchalente contre la rangée de casiers, elle attendait.
Il restait méfiant, comment ne pas l'être en de telles circonstances ? La demoiselle jouissait d'une popularité incroyable et n'avait sûrement qu'à claquer des doigts pour que l'on rapplique aussitôt. Alors, pourquoi donc s'intéressait-elle à Karl qui à l'inverse, ne jouissait d'aucune popularité dans ce royaume impitoyable de la condescendance et de l'adolescence. « - Je dois avouer que c'est plutôt impressionnant de savoir qu'une descendante Salem, m'adresse la parole. J'ai lu pas mal d'ouvrages sur les procès, c'est un fait historique, plutôt intéressant. Je n'en demeure pas moins désolé pour tes ancêtres. » Maladroit ? À peine, il maîtrisait la conversation comme personne enfin à ceci prêt, qu'il cherchait encore ses mots, conscient qu'il n'était peut-être pas l'objet d'un pari. « - L'académie a une bonne réputation, c'est normal qu'il soit appréciable d'y suivre un enseignement magique. Los Angeles, c'est le petit plus ! » Il tenta un sourire qui demeurait léger tant, il n'était pas encore tout à fait à l'aise. « - Je ne reste pas ici le week-end, donc j'imagine que je n'ai pas besoin d'escalader le mur pour jouir de ma liberté. Mais quand même, tu devrais faire attention. Le concierge n'est pas du genre tendre et est assez procédurier sur les horaires de sortie. »
Le sujet de la conversation glissa très rapidement sur la fête qui devait avoir lieu sous peu et qui sans surprise, se ferait sans Karl. « - Oui, on a le droit de s'amuser, mais ... » Le regard ailleurs, il laissa sa phrase en suspens avant de reprendre « - Je ne crois pas que nous ayons la même façon de s'amuser. » Il repensa à ceux qui avait tenté de le brutaliser l'année passée. C'est clair qu'ils n'avaient pas la même façon de s'amuser. « - J'ai... mon familier est plutôt caractériel et je ne suis pas sûr qu'il soit ravi de recroiser certaines personnes. Tes amis ont sûrement dû te passer le mot ! » Et alors qu'il commençait à se sentir plus à l'aise, Lyanna fit l'erreur d'évoquer le garçon entreprenant et la présence de Karl pour y remédier. « - Donc si j'ai bien compris, tu veux que je vienne pour que les garçons te lâches la grappe ? Tu sais que ça ressemble à un rôle de bouche-trou ! » Mais la demoiselle avait du caractère à l'évidence et n'hésita pas de ce fait et pour mieux se faire entendre, à prendre Karl par le menton. « - Je...euh... » Il en était tout troublé le pauvre « - Ok, je veux bien te croire alors » Il se demandait quand même avec insistance pourquoi lui et pas un autre ?
Ils finirent par se quitter, sur un accord. Karl retrouva sa mère à qui il offrit son plus beau sourire. Il lui épargna les mauvaises choses et évoqua une rencontre avec une fille populaire de surcroît qu'il devait donc retrouver le lendemain pour un devoir. Karl encore troublé, fixa durant de longue minute la guirlande qui tapissait le mur de sa chambre avant de s'endormir, sans cauchemar ce soir. Il se leva donc plus tôt que d'habitude pour ne pas être en retard, lui qui était du genre maladivement ponctuel. Sur la route, il s'arrêta prendre quelques viennoiseries puisqu'il n'avait pas pris le temps de petit-déjeuner avant de regagner les allées quasiment désertes de l'académie. « - Salut ! » lança-t-il à Lyanna qui errait près de son casier. La tenue et le maquillage le surprirent « - Si j'avais, su j'aurais fait un effort sur la tenue. Je n'ai pas eu le temps de déjeuner donc j'ai pris des trucs. Si t'as faim, sers-toi. Tu veux qu'on se mette où pour travailler ? » Oui bon, il faisait peut-être légèrement semblant de ne pas remarquer ses efforts et le fait qu'elle était plus que pas mal ainsi vêtu, mais c'était encore trop tôt pour la confiance. « - Je n'étais jamais venu un samedi matin ici, c'est agréable ! »
Savoir qu'il admirait les premières sorcières de Salem était un bon point, Lily souriait de plus belle. Mais l'affaire était loin d'être dans le sac. Mais l'idée qu'il la mette en garde contre le concierge qui n'était pas toujours un cadeau la rassurait, quelque part. Ou alors était-il simplement altruiste envers tout le monde ?
- Ne t'en fais pas pour moi, j'ai plus d'un tour dans mon sac.
Une chose était sure, Lyanna n’avait pas l’habitude qu’on lui résiste, ni même qu’on mette en doute sa parole en doute. Et voir un garçon qui lui plaisait faire tout le contraire de ce qu’un autre aurait fait la perturbait un peu. Il avança e fait que des rumeurs avaient dû circuler sur lui. Lily haussa les épaules comme si rien n’avait d’importance.
- Les garçons se battent, c’est un fait. Tu seras pas le premier ni le dernier à le faire. Dans mon collège, chez les mortels, ça arrivait souvent.
Et puis Karl mettait tout en œuvre pour tenter de décliner. C’est donc légèrement troublée qu’elle cherchait des arguments pour le faire fléchir et accepter de venir avec elle à la soirée. Malheureusement, l’excuse supplémentaire qu’elle évoqua résonna comme quelque chose de plus péjoratif que mélioratif.
- Non ! Non c’est pas du tout ce que je sous-entendais, excuse-moi, je me suis mal exprimée… Mais tu me plais, nom d’une branche de laurier !
Et puis elle proposa le marché auquel Karl accepta de souscrire avant qu’ils ne se séparent jusqu’au lendemain matin. Lily avait fait des efforts sur la tenue, la coiffure, le maquillage, elle pourrait toujours avancer qu’elle s’était préparée en vue de la soirée. Le devoir était fait, elle avait même laissé des espaces pour coller des échantillons des plantes à étudier. Lorsqu’elle le vit enfin, le sourire illumina son visage.
- Salut ! s’empressa-t-elle de répondre en se décollant de son casier. Oh c’est cool, merci pour le petit dej. On peut s’installer dehors, il fait beau, et c’est agréable le samedi matin quand c’est désert.
Elle prit son courage à deux main et glissa son bras libre sous le sien pour l’accrocher, espérant qu’il ne la repousserait pas, et l’entraîna à l’extérieur vers une table ronde en pierre entourée d’un banc également en pierre qui faisait tout le tour. L’adolescente s’installa, regardant son camarade en faire autant, avant de sortir les deux copies doubles qui contenaient son devoir ultra complet sur les plantes à utiliser pour les sortilèges de guérison de base.
- Dis-moi ce que tu en penses. Tu l’as peut-être eu aussi l’année dernière ?
La jolie brune fit glisser la feuille en direction de Karl.
- J’aimerais bien aller cueillir quelques échantillons histoire d’illustrer un peu… Enfin, pour les plantes non rares bien sûr.
Elle lui sourit, s’accoudant sur la pierre et posa son visage sur ses mains. - C’est comment la deuxième année ? Est-ce qu’en première année on va faire de vrais sorts ?
Elle avait tellement envie qu’il parle de lui, de ce qui lui plaisait, de ce qu’il faisait de son temps libre… Le son de sa voix lui plaisait tant, pas autant que ses yeux, mais quand même beaucoup. Lily voulait tout savoir de lui, et surtout s’il avait une copine… Bon, il lui semblait évident que non, au vu de son manque de sociabilité, mais savait-on jamais… Elle commença à s’imaginer avec horreur qu’il puisse sortir avec une mortelle en dehors de l’academy. Mais elle préféra chasser ces idées et se concentrer sur le moment présent avec lui.
« - Ah, je ne doute pas que tu aies plus d'un tour dans ton sac, il en faut pour contrer le concierge » Oui, elle avait du caractère cela ne faisait plus aucun doute, et ce, malgré son statut de première année, rien ne semblait l'arrêter. Une force de caractère qui lui faisait défaut, car dans le fond lui n'aspirait qu'à une chose, ne pas faire de vague, pour ne pas attirer un peu plus l'attention sur lui. Encore plus avec ce qui s'était passé l'année précédente dans le parc de l'école. « - Je ne pense pas que la violence soit la solution. Moi, ça ne m'a rien apporté si ce n'est encore plus d'ennuis. » Ajoutons à ça l'apparition surprise de son familier. Un fait qu'il préféra ne pas évoquer, de peur qu'on le lui retire, bien qu'il sache cela théoriquement impossible. Il l'avait tant attendu et développait depuis son arrivée, une appréhension constante qu'on le lui retire. Les loups étant par nature protecteur, le familier pourrait se montrer menaçant au vu de tout ce que subissait ce pauvre Karl. C'est une alternative à laquelle il pensait sans cesse et qui l'avait bien malgré, pour éviter les problèmes, isolés encore plus des autres. Un isolement qui mettait à mal sa capacité à sociabiliser et qui rendait de ce fait, la conversation encore plus compliquée avec Lyanna. Pour preuve, une nouvelle tension venait d'émerger lorsque la demoiselle évoqua les garçons qui lui tournaient autour et la perspective de contrer cela, si Karl l'accompagnait à la fête. Le jeune homme réagit aussitôt avec virulence, chose qui ne lui ressemblait pas d'ordinaire. Ainsi, il obligea sa jeune interlocutrice à s'excuser et sûrement à redoubler d'efforts pour se faire comprendre sans le blesser. « - Ok, c'était de la maladresse, ce n'est pas grave. » Si elle était vraiment sincère, le cas échéant, Karl allait le regretter, car de toute évidence, il semblait prêt à lui laisser sa chance.
Ils se retrouvèrent donc le lendemain aux alentours de neuf heures, comme promis la veille. Évidemment, le jeune sorcier, remarqua le maquillage, les vêtements et tous les autres artifices dont s'était affublée Lyanna. « C'est dommage, elle n'a pas besoin de tout ça ! » pensait-il dans un coin de sa tête après l'avoir salué. Il était loin de se douter que tout ça, était pour lui, tout comme il était loin de se douter qu'il lui plaisait vraiment. On l'avait tellement rabaissé, que pour lui il était tout bonnement impossible que l'on s'intéresse à lui alors que pourtant, il était loin d'être reposant. Plutôt grand, il avait des épaules carrées, un joli sourire et des yeux d'un bleu perçant. Son seul défaut demeurait dans son look passe-partout avec des vêtements un peu trop amples, qui ne le mettait pas du tout en valeur. Rectification, l'un de ses seuls défauts si on omet l'autre et pas des moindres, son goût plus que douteux pour les chansons kitsch des années 80. Il avait d'ailleurs plusieurs cassettes en sa possession, en plus de la multitude de compilations de Fleetwood Mac qu'il avait réalisé pour sa mère, une grande fan de Stevie Nicks.
« - C'est vrai que c'est plus calme et agréable. En même temps, on est samedi et il est encore tôt » Il accepta donc de la suivre dehors pour qu'il prenne place sur l'une des tables rondes à disposition. Le bras de Lyanna se glissa dans celui de Karl, qui fut surprit, mais ne trouva pas ce contact si désagréable finalement. Chacun prit donc place, Karl plus attentif que jamais et pour cause, il prenait à cœur sa mission de tuteur officieux, ignorant cependant que la demoiselle était loin d'en avoir besoin au vu de son niveau avancé. Karl récupéra l'une des feuilles et examina attentivement ce qui y était inscrit. « - Non, ça ne me dit rien. Au moins ça prouve que certains professeurs renouvellent leur stock de devoirs. Il y a une erreur-là. Enfin, ce n'est pas vraiment une erreur, c'est cohérent, mais tu devrais plutôt parler de l'asphodèle, bien utile en cas de morsures de serpent. Et là pour cet antidote, n'utilises pas la troisième loi de Golpalott, opte plutôt pour un bézoard. C'est audacieux, mais ça changera des réponses que pondent les autres. » Lyanna avait elle d'autres choses en tête et se demandait avec candeur comment s'était d'être en deuxième année « - La deuxième année est intéressante. Il y a une option de pratique de sortilège. Je l'ai prise et ouais, j'avoue que c'est intéressant sauf pour les travaux de groupe évidemment. Et toi ? Tu as pris quoi comme option ? » Il sentait son regard pesait sur elle, ainsi que son sourire quasi-constant « - En fait tu ne fais vraiment pas semblant ! Je t'intéresse vraiment ? »
Il lui avait pardonné sa maladresse verbale qui avait fait penser à Karl que Lily voulait qu’il l’accompagne pour être son « bouche-trou », l’adolescente se promit alors de se rattraper. Elle comprit rapidement que contrairement à elle, le jeune homme n’était pas souvent mis en valeur et que de ce fait, il avait tendance à douter des autres. Inutile d’avoir un quotient intellectuel hors norme pour le comprendre, et Lyanna étant plutôt intelligente, elle se promit de tout faire mettre Karl en valeur, pas seulement à ses yeux à lui, mais à ceux des autres. Ce garçon avait des capacités, elle le sentait, et il était gentil et altruiste, il n’y avait qu’à voir comme il l’avait conseillée sur le livre de potion, comme il l’avait mise en garde contre le concierge, et comme il avait accepté de lui venir en aide pour ce devoir pour lequel elle n’avait nul besoin d’aide. Mais un prétexte est un prétexte, n’est-ce pas ? Les voilà donc tous deux à neuf heures du matin, déambulant en direction du petit parc de la Ravenwood academy, Lily arborant une robe noire assez courte pour laisser voir des jambes bien dessinées mises en valeur par de petits talons bobine. L’adolescente sourit à son comparse qui disait que le calme venait sans doute de l’heure matinale. - Pas seulement. On n’est que peu à rester ici le week-end. La plupart font comme toi et rentrent chez leurs parents le vendredi soir. D’autres le samedi matin comme mes copines de dortoir. Je suis souvent toute seule dans la chambre.
Il ne fallait pas qu’il comprenne trop tôt que le prétexte du devoir allait bien vite passer à la trappe, alors elle lui tendit son écrit tout en continuant de poser des questions sur la deuxième année. Karl prit son rôle très au sérieux et Lily fut surprise qu’il trouve à redire à son devoir. Sa fierté en prit un coup mais elle accepta de prendre en note ce qu’il disait sur une feuille de brouillon avant de poser son crayon.
- Eh, mais ça, le bézoard, je l’ai mis en annexe, c’est à ça qu’est consacrée ma dernière page. Je suis trop contente que tu m’en parles, j’aime l’audace et si personne d’autre n’y pense, j’aurai peut-être des points bonus.
Son sourire éclatant ne désemplissait pas à cette idée.
- J’avais pensé coller des échantillons à coté des explication, ou au moins dessiner pour les plantes ou roches trop rares. Qu’est-ce que tu en penses ? Les prof aiment ce genre d’initiative ou ça paraît bête ?
Et enfin, Karl consentit à parler de la deuxième année. Le premier trimestre était bien entamé, Lily avait déjà fait montre de pas mal de capacité et la plupart de ses professeurs la considéraient comme la première de sa promo, même si les examens n’avaient pas encore eu lieu. Elle aimait la compétition, un garçon de sa classe se distinguait aussi, et Lyanna s’amusait beaucoup à comparer ses résultats aux siens. Ils avaient deux approches différentes.
- Pratique de sortilèges, waow ça doit être génial ! Ça change de la théorie, même si, évidemment, on a besoin de la théorie pour la pratique. Mais j’aurais bien aimé qu’on fasse les deux en même temps. Je peux te dire un secret ? Ça m’est déjà arrivé de pratiquer un ou deux sorts pour être sure que ça marchait bien.
Karl déplorait les travaux de groupe, et immédiatement, Lily comprit pourquoi. Son manque de sociabilité devait lui donner du mal à trouver des camarades avec qui travailler.
- Les travaux de groupe, c’est pas toujours l’éclate, c’est vrai. Si j’étais dans ta classe, je me mettrais avec toi, au moins je serais sure de pas me taper tout le boulot.
Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres quand il lui demanda quelles options elle avait prises.
- Toutes ! Enfin, toutes les options des matières magiques. Y en a pas tant que ça, et j’ai vraiment envie d’être la meilleure possible. T’avais pris quoi, toi, l’an dernier ?
Et la dernière question qu’il posa lui coupa le souffle avant de la faire rire.
- C’est quoi cette question ? Bien sûr, sinon je t’aurais pas parlé. Ecoute Fitz, tu permets que je t’appelle comme ça ? Je suis pas du genre à jouer la comédie, je pense que dans la vie, on n’a pas de temps à perdre. Alors si je te dis qu’on peut être amis, c’est que je le pense. Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?
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