Avec elle, il semblait différent et bon nombre de personnes l’avaient remarqué à commencer par les parents de Karl et plus précisément Peny sa mère. Karl semblait plus enclin à sociabiliser il est vrai, tellement qu’il s’était présenté à des élections pour devenir déléguer. Une chose en entrainant une autre, il avait gagné ; une victoire qui emplissait Lyanna de fierté. Il suffisait de plonger le regard dans le sien pour s’en convaincre. Et bien au-delà de satisfaire son ego, Karl appréciait voir cette lueur prendre vie dans le regard de sa petite-amie, il se sentait enfin exister pour quelqu’un autre que sa mère ou ses amis d’autrefois ; des humains dont il n’avait plus la moindre nouvelle. Un constat qui ne le laissait pas indifférent. Mais étant ce qu’il est, à savoir un sorcier, il était préférable d’entretenir la distance et de vivre de son côté. Ce qu’il s’appliquait à faire depuis plus de deux ans.

— Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que j’en ai fait du chemin. Mais ça en valait le coup, parce que j’ai enfin l’impression d’avoir trouvé ma place. Ce qui n’était pas peut dire venant d’un jeune garçon qui n’avait pas été épargné par la méchanceté de ses aînés l’année précédente. Karl était à présent passé du stade de victime à celui de leader. Il était même parvenu à séduire l’une des filles les plus populaires de l’école. N’était-ce pas la plus belle des vengeances ?

L’innocence et les plans intrépides avaient fait place à des jeux plus matures. Karl qui pouvait se targuer d’avoir un peu plus d’expérience que Lyanna n’en demeurait pas moins très attentif à ses besoins. De ce fait, il n’hésita point à stopper ses ardeurs lorsque l’inexpérimentée Lily le lui demanda. De toute évidence, elle n’était pas prête à accomplir certaines choses et se refusait à être la seule à prendre du plaisir. Karl, qui ne s’offusquait point d’être privé entre autres d’une petite gâterie, regarda sa belle sorcière avec tendresse, tâchant de la rassurer comme il pouvait.

— D’accord, je comprends tout à fait. Mais tu n’es pas obligée de te justifier hein ? Si tu ne veux pas, tu n’as qu’à me dire non. On ira à ton rythme sache le ! La seule chose qui m’importe c’est que tu sois à l’aise avec tout ça. Il lui caressa aussitôt la joue pour marquer ses paroles de quelques douceurs avant que son regard ne s’illumine à nouveau. De toute évidence, il avait quelque chose en tête. — Jeu de mains, jeu de vilain ironisait-il en laissant sa main se perdre entre les cuisses de la demoiselle frissonnant sous l’assaut de cette surprenante caresse. [b  — Au pire, on peut inventer notre Kama sutra à nous. Qu’est-ce que tu en penses ? [/b] Il riait de bon cœur avant que Lily se lance aussi dans le jeu de main et vienne de ce fait caresser la virilité de son amoureux qui ne semblait point insensible à cette prise d’initiative.

— Audacieuse en plus. Ça n’est pas pour me déplaire on dirait.  Il lui indiqua du regard le bas pour lui signifier à quel point il aimait sentir sa main à cet emplacement tandis qu’il continuait à faire jouer ses doigts avec virtuosité. — Tu aimes ? Question rhétorique, car à sa façon de se tortiller et à sa respiration saccadée, la demoiselle n’était pas insensible aux ardentes caresses de son chéri. Et telle une supplique, elle lui demanda presque aussitôt de revenir vers elle pour lier son corps empli de désir et d’excitation au sien. Ce que le sorcier s’employa à faire presque aussitôt, entrant en elle avec douceur avant d’accélérer progressivement la cadence. Lui-même sentait l’excitation poindre à chaque gémissement de Lyanna. C’était comme une mélopée chargée de désir qui rendait chaque mouvement plus intense encore. La maison leur appartenant, ils pouvaient d’or et déjà s’en donner à cœur joie et ainsi goûter avidement aux plaisirs de la chair s’en craindre d’être surpris par un visiteur impromptu.

Lyanna n’aurait pu être plus fière de son petit ami. Elle savait qu’il revenait de loin, entre ce qu’il lui avait dit de sa première année, et ce qu’elle avait, par après, entendu sur lui, on était désormais loin du jeune adolescent discret, solitaire et qui se faisait défendre - une fois n’est pas coutume - par son familier aux apparences de loup. A présent, tout avait changé et la jeune sorcière savait qu’elle n’y était pas pour rien. Et rien ne la rendait plus heureuse que de voir son Fitz heureux, épanoui. Il n’en méritait pas moins selon elle.

La jeune sorcière aimait par-dessus tout son petit ami, elle avait la certitude profonde qu’il était celui avec lequel elle partagerait le reste de sa vie, celui qui serait à ses côtés et aux côtés de qui elle serait. Ainsi, se retrouver dans ce lit tous les deux lui donnait comme un avant -goût de leur vie future, et cela lui plaisait.

- Mais je suis à l’aise, répondit-elle en souriant, fermant les yeux au doux contact de la main chaude de Karl contre sa joue.

Une main qui prit une tout autre direction pour reprendre leur petit jeu où il en était resté. Lily décida de faire de même, apprenant à découvrir au passage le corps de son amoureux et ce qui pouvait lui plaire. Et la réaction ne se fit pas attendre, ce qui la fit sourire avant qu’elle ne pose ses lèvres dans le cou à la peau brûlante de l’adolescent.

- ça fait bizarre de te toucher avec ça, commenta-t-elle. Ça te fait quelle sensation d’avoir un préservatif ?

Elle n’eut pas l’occasion de laisser davantage libre cours à sa curiosité et toutes les questions qu’elle se posait, Karl oeuvrait un peu trop bien, si bien qu’elle lui demanda de recommencer à lui faire l’amour comme au début. La brunette sentait des frissons la parcourir de partout à mesure que son petit ami accélérait la cadence, et même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pu le cacher. C’était comme si l’excitation de l’un augmentait celle de l’autre et vice versa. La température ne faisait qu’augmenter dans cette chambre plongée dans l’obscurité.

- Je t’aime Karl ! souffla-t-elle dans son cou avant de l‘embrasser à pleine bouche, emportée dans un élan passionné.

Son corps s’était embrasé, la jeune fille était submergée par toutes sortes de sensations toutes plus agréables les unes que les autres, lui faisant échapper des gémissements de plaisir trahissant un bien-être non dissimulé.

- Mon dieu, qu'est-ce que tu me fais ?!

Il lui arrivait encore quelquefois — comme par réflexe — de se demander ce qu’une fille comme Lyanna Johnston pouvait bien lui trouver. Les vieux traumatismes avaient la vie dure et malgré son regain de confiance, Karl pouvait, l’espace d’un instant, se perdre dans ses souvenirs, mauvais qui plus est. Fort heureusement, cela ne durait pas assez longtemps pour faire perdre à l’adolescent toute sa confiance. Cela n’était plus qu’un mauvais souvenir dont il se souvenait de temps en temps, pour se refaire le chemin parcouru depuis cette sombre époque. Et puis, il lui suffisait de poser l’azur de son regard sur Lyanna pour vite exorciser ses vieux démons. Elle l’aimait de façon inconditionnelle autant que lui et de ce fait il était inutile de se poser des questions ni de ressasser de vieilles blessures. Ils étaient heureux tout simplement. Un bonheur qui passait aussi par-dessous la couette et avec des protections cette fois ; sait-on jamais ? Une prévoyance qui allait jusque dans les gestes et les besoins de Lyanna. Karl étant un peu plus expérimenté, il ne s’offusquait point de passer outre certaines étapes au profit d’autre, un peu plus manuelles. Un mal pour un bien, car malgré tout, le petit coquin pouvait insuffler à Lyanna les prémisses de quelques orgasmes à venir et plus encore, il pouvait lui montrer qu’avec la main, bien des choses semblaient possibles.

Lyanna était belle évidemment, intelligence de surcroit et mature, assez pour jouer à son tour à quelques jeux d’adultes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle apprenait vite, assez pour ne pas laisser Karlito de marbre lorsque la demoiselle laissait sa main se poser sur la virilité accrue du jeune sorcier. Satisfaite de l’effet produit par les agissements de sa main, la demoiselle laissa ses lèvres se perdre sur la peau du cou de Fitz qui appréciait grandement l’audace de la fille unique des Johnston ; qui se questionnait à présent sur ce que pouvait ressentir l’adolescent avec le préservatif. — Honnêtement c’est un tantinet désagréable de ne pas sentir pleinement le contact de ta main. Mais il faut ce qu’il faut pour se protéger non ?

Et passé cette petite intervention et après s’être chauffé bien comme il le fallait, les deux adolescents abandonnèrent pour un temps, les baisers langoureux et les douces caresses au profit d’un corps à corps un peu plus mature. Leurs corps semblaient faits pour ne faire qu’un autant que leur gémissement presque synchronisé dans l’effort. Karl prenait les devants sans jamais se laisser happer par son élan et par l’excitation. Jamais, il ne quittait le regard de Lyanna plus encore lorsqu’il augmenta la cadence de ses coups de reins. Il parvenait à sentir le moindre frisson de l’adolescente, c’en était grisant, assez pour recommencer qu’importe la température et l’effort que cela demandait. C’était si bon, autant que de s’envoyait une pizza poulet-ananas. Un plaisir qui se décupla au son de ces « trois petits mots » que l’on ne réserve que pour une seule personne.

— Moi aussi… fit entendre le jeune homme à bout de souffle après un baiser empli d’une passion quasi inhumaine. — Je t’aime… Il devait le faire entendre à son tour pour connaître cette sensation indescriptible, mais au combien incroyable d’aimer et de se sentir aimer aussi fort. Et voilà que les gémissements mélodieux de la demoiselle retentir à nouveau, de plus en plus fort. À quoi bon se priver puisqu’ils demeuraient seuls en ces lieux ? [b  — Ce que je te fais ? [/b] demandait-il plus joueur que jamais tout en continuait à entrer en elle, avant de se retirer pour mieux revenir. — Je te fais l’amour. Mais je crois aussi que l’on peut dire qu’on s’envoie magnifiquement en l’air. Et c’est bon… Lui-même peinait à dissimuler l’emphase, que dis-je, l’orgasme à venir. — Ça vient… laissa-t-il échapper avant de sentir une chaleur intense étreindre son bas ventre. — Et toi ?

Pour Lyanna, Karl était le petit-ami parfait, en plus d’être totalement à son goût physiquement, il était intelligent, sérieux, et pourtant non dépourvu d’humour même si parfois, il fallait s’accrocher pour suivre. Mais au moins, il était original, et ceci plaisir énormément à la jeune sorcière qui détestait l’ennui et la banalité. Avec Fitz, elle était servie, elle le trouvait génial et l’admirait. De plus, avoir rencontré ses parents qui étaient des personnes adorables, la confortait dans l’idée qu’un jour, unir leurs deux familles seraient la meilleure des choses. Même si le père Fitzgerald était de Red House, et assez influent de surcroît. Mais Lily savait – du moins elle l’espérait – que ses parents accepteraient l’idée. Elle avait hâte de leur présenter son grand amour, d’ailleurs. Mais elle se garderait bien de leur confier les quelques petits jeux interdits auxquels ils s’adonnaient en ce moment.

- Oh je suis désolée, répondit-elle. Si tu veux la prochaine fois, je te fais ça avant de te le mettre, ça te dit ? proposa-t-elle avant de capturer avidement sa bouche de la sienne.

L’adolescente n’y tenait plus, elle voulait sentir le corps de son amoureux contre le sien, et le beau sorcier rouge en devenir ne se fit alors pas prier. Cette fois, ça semblait différent, Lily se sentait véritablement emportée par toutes les sensations qu’elle ressentait et que lui procurait Karl avec tant d’abnégation. Elle sentit son coeur s’emballer encore davantage en entendant Karl répondre qu’il l’aimait aussi. Elle se sentait si bien, si heureuse qu’elle aurait pu en pleurer de joie. Le souffle haletant, elle ne pouvait que sourire à sa remarque.

- Oui, c’est bon, c’est mieux que la première fois, souffla-t-elle en agrippant le revers du drap qui couvrait Karl.

Un gémissement un peu plus fort lui échappa tandis que son corps était pris de fourmillements plus intenses et qu’elle resserrait ses jambes un peu plus autour de son amoureux.

- Je… je crois !

Son corps tout entier trembla pendant quelques secondes, empli d’une chaleur incomparable. L’adolescente cherchait son souffle, un peu perdue avec cette sensation délicieuse qu’elle ne connaissait pas. Son coeur qui battait à tout rompre finit par se calmer progressivement alors qu’elle cherchait la main de Fitz ainsi que son regard. Elle ne voulait pas le laisser la quitter alors ses jambes restèrent autour de sa taille. Elle posa ses deux mains sur les joues du jeune homme en le regardant, les yeux brillants.

- C’est… c’était… ce sera toujours comme ça ? Je veux que ce soit toujours comme ça ! C’était trop génial ! J’avais l’impression pendant quelques secondes de plus être dans mon corps, d’être genre… je sais pas, au paradis ?

Elle apposa sa bouche contre la sienne avant de lui relâcher le visage.

- Et toi ?

Avec Lyanna, le jeune Karl était totalement en confiance et ne doutait de rien. Il n’avait pas besoin de jouer un rôle pour la conquérir, être lui-même suffisait à charmer la jeune sorcière. À ses côtés, Fitz junior évoluait sereinement dans le monde de la magie, avec elle il se sentait admiré et plus encore apprécié à sa juste valeur. Lyanna Johnston avait notamment marqué quelques points auprès de monsieur et madame Fitzgerald, ce qui représentait beaucoup pour leur fils unique, qui serait lui-même amené à rencontrer les parents de Lyanna sous peu. Les astres semblaient donc s’aligner pour les deux amoureux qui jouaient à présent à des jeux interdits, non sans y prendre goût malgré le manque de pratique de la demoiselle. — Non sois pas désolé, jamais. Fais juste ce que tu as envie de faire. Tant que tu es à l’aise, c’est tout ce qui compte. Il se fichait pas mal de son propre plaisir et puisqu’il Lily était inexpérimentée, il s’était fait la promesse de l’aider à passer ce cap et de lui apprendre tout ce qu’il savait ; conscient que lui aussi avait encore des choses à apprendre en matière de sexualité.

Leurs bouches, incapables de lutter contre l’attraction, se retrouvèrent à nouveau avec cette fois une intensité nouvelle et une passion bien plus intense que celle de la première fois. C’était comme si tout d’un coup, l’un et l’autre se découvraient pour la toute première fois. À chaque baiser, à chaque caresse, le cœur de ce pauvre Karl s’emballait chaque fois un peu plus. Corps contre corps tout était prompte à l’exaltation et plus encore. Mais Karl prenait garde de ne pas se montrer trop brusque pour que ce moment demeure agréable. Et comment ne pourrait-il ne pas l’être en aussi bonne compagnie ? L’air venant à manquer, parfois les bouches reprenaient une distance convenable laissant aux mots et aux déclarations enflammées, un peu plus de place. Dire « je t’aime » n’avait jamais paru aussi facile pour Karl, lui qui d’ordinaire n’était pas du genre à se répandre aussi facilement en sentiment. Force est de constater que Lyanna avait aussi changé ça à la grande joie de l’intéressé. Il aurait presque aimé figer ce moment pour l’éternité et ne jamais sortir de cette bulle parfaite. C’était comme si quelque part et sans se le dire, il craignait que le monde réel n’altère ce moment.

— C’est toujours mieux la seconde fois. glissa-t-il entre deux murmures en achevant de la conduire jusqu’aux plus hauts cieux du plaisir. Il sentit son corps trembler sous ses dernières impulsions. Ils étaient à bout de souffle, le cœur cognant à vive allure tant l’effort avait été intense, mais c’était bon, assez pour que cela en devienne vite addictif. Karl se mit à ralentir peu à peu, achevant de prodiguer les derniers coups de reins de vigueur avant de sentir la main de sa petite amie agripper la sienne tout en laissant ses jambes harnachées à sa taille.

— Eh bien tant que la passion est là, j’imagine que les parties de jambes en l’air seront toujours aussi intense mademoiselle. Peut-être que tu devrais prendre un abonnement pour le paradis non ? Moi aussi d’ailleurs. Mais la prochaine fois, il faudra qu’on pense aux ventilos, histoire de ne pas se sentir trop proche de l’enfer par la température. Bon ceci était dit, je ne sais pas toi, mais là je meurs de faim. 

Quel délicieux moment ! Lily n’en revenait pas, la passion et l’amour qui les avaient animés tous les deux l’avait submergée, elle s’était sentie si bien avec Karl tout contre elle.

- La passion, c’est le minimum, je t’aime tellement ! souffla-t-elle avant de l’embrasser une nouvelle fois.

Elle desserra un peu son étreinte pour le laisser respirer, esquissant un sourire.

- Un abonnement pour deux pour le paradis, OK, ça me plaît bien cette idée ! Avec des ventilos, c’est noté. Je suis désolée, j’ai pas pensé à mettre la clim en marche. Attends.

La jeune fille tendit le bras vers sa table de chevet pour attraper une petite commande et appuyer sur un bouton qui enclencha l’air climatisé de sa chambre.

- C’est mieux ?

Le charmant Fitz déclara qu’il avait faim, ce qui fit sourire sa petite amie.

- OK, qu’est-ce que tu veux manger ? On commande ? Et après je prends une douche, je me sens toute collante.

Elle le libéra de ses jambes pour pouvoir s’asseoir au bord du lit.

- Japonais, ça te dit ?

Se saisissant du téléphone fixe posé sur sa table de nuit, elle fit défiler les numéros pé-enregistrés jusqu’à celui du restaurant japonais où elle et ses parents avaient l’habitude de commander, et appuya sur « appel » avant de passer le combiné à Karl.

- Prends ce que tu veux, et des makis à l’avocat pour moi. Tu me rejoins après ? proposa-t-elle avec un sourire mutin.

Elle se pencha pour déposer un baiser au coin de ses lèvres et se leva pour se rendre dans la salle de bain. Une bonne douche lui fit le plus grand bien après cette longue journée. Le week-end ne faisait que commencer, et il commençait bien. Alors que Karl n’allait pas tarder à arriver, le portable de Lily se mit à sonner. Elle sortit rapidement de la douche, s’enroulant dans une serviette pour ne pas mettre de l’eau partout et chercha son téléphone dans ses affaires.

- Merde, c’est mon père !

Elle décrocha, légèrement angoissée.

- Salut papa ! Comment ça va ?…. Ah le resto t’as appelé ?… Oui je… je passe le week-end à la maison…. En fait je le passe chez euh… les parents de mon copain, mais je voulais passer à la maison avant… Oui il est tard c’est vrai… pardon… S’il est à la maison ?

Elle regarda Fitz en se mordillant la lèvre inférieure.

- Oui, il est là, je… je lui faisais visiter la maison. Oui je t’enverrai le numéro de ses parents… Oui ça va, ne t’inquiète pas…. Oui je ferme la maison en partant… Passe-moi maman stp ?… Salut maman ! Désolée pour le dérangement… Il est en colère papa ? Non euh… c’est pas ce que tu crois… Non j’ai pas fait le mur ! Demande à l’académie, tu verras qu’ils m’ont autorisée, c’est les Fitzgerald qui me reçoivent ce week-end…. Oui Arthur Fitzgerald de Red House... T’inquiète c’est cool. Vous rentrez quand ? Je voudrais vous présenter Karl. C’est possible avant Noël ?… OK super !... Je t’aime aussi ! Bisous !

Elle raccrocha avant d’envoyer le téléphone sur son lit.

- Bon, si là on n’est pas grillés, je sais pas ce qu’il leur faut… Tu crois que ça craint ?

Bien que cela ne soit pas la première fois, ce moment semblait nouveau aux yeux d’un Karl subjugué et par la passion et par l’amour qu’il éprouvait à l’égard de l’adolescente à ses côtés. — Je t’aime tout autant  eut-il le temps de dire avant que les fougueuses lèvres de Lyanna viennent s’écraser contre les siennes. Presque instantanément, son corps fut parcouru d’innombrables frissons avant qu’une vague de chaleur n’achève d’assaillir son bas-ventre ; incitant l’adolescent à répondre à l’étreinte buccale avec plus, si ce n’est davantage d’intensité. Si bien qu’ils durent à regret, rapidement se séparer, l’air venant à manquer. Ajoutons à cela une chaleur étourdissante et l’on peut aisément se demander si le Paradis était vraiment à leur porte malgré la belle promesse formulée par ce cher Karl.

— Ah, mais ne t’excuse pas ! De toi à moi, je ne m’attendais pas à avoir aussi chaud. Soucieuse du confort de son sorcier de petit ami, Lyanna ne se fit pas prier pour enclencher l’air climatisé de sa chambre par le biais d’une petite commande qui se trouve sur sa table de chevet. Presque aussitôt, l’air redevint respirable tandis qu’un léger courant d’air caressait presque malicieusement le visage du jeune adolescent qui en était presque réduit à sourire bêtement tant c’était agréable.  — C’est magnifique ! Avant que l’appel du ventre ne se fasse entendre, mettant à mal le romantisme qui prédominait jusqu’alors. Cela dit, c’était toujours mieux que t’entendre un concert gastrique ; une perspective peu ragoutante il est vrai. Mais il en fallait plus pour effrayer la jeune et intrépide Lyanna Johnston.

— Cela me semble être un bon compromis pour ne pas me faire traiter d’hérétique à nouveau. Lily se défit d’une étreinte qui n’en était pas une et composa un numéro préenregistré avant de tendre le combiné à son cher et tendre qui n’avait que l’embarras du choix « gastronomiquement » parlant.  — Ok, je note, tout ce que je veux, sauf de la pizza ananas poulet, chose que je suis à peu près sûr de ne pas trouver dans un resto japonais. Et pour madame, ça sera des makis à l’avocat. A priori, je devrais m’en sortir.  Elle s’approcha à nouveau et vint déposer un léger baiser sur les lèvres légèrement endolories de ce cher Fitz qui la regarda s’éloigner presque transies d’amour.

Passé l’intermède culinaire et la commande qui allait de pair, Fitz junior légèrement ragaillardi s’en alla retrouver sa belle sous la douche. Mais il eut à peine le temps de pénétrer la pièce, qu’il fut assailli par un épais nuage de buée avant de voir Lily s’enrouler dans sa serviette pour décrocher le téléphone qui venait de sonner ; sous le regard intrigué de son sorcier qui n’osait plus rien dire de peur de faire une boulette. Un téléphone que Lyanna ne trouva pas de suite à son grand dam. Et lorsqu’enfin le cellulaire fut à portée de main, la demoiselle découvrit presque effarée l’identité de son interlocuteur ; en l’occurrence son père. Karl qui avait rejoint Lily jusque dans sa chambre resta silencieux, presque immobile, comme si tout d’un coup, le père de Lyanna était susceptible de le voir ; chose impossible, mais vraisemblablement pas assez pour l’adolescent qui ne bougeait plus, mais qui ne quittait point sa petite amie du regard. Elle non plus n’était pas à l’aise et laissait trop de suspension dans ses phrases pour que cela ne paraisse pas suspect ; du moins, c’est ce que Karl se disait.

Et qu’elle ne fût pas sa surprise lorsqu’il entendit le patriarche de la famille Johnston demander à son « innocente » fille si le petit copain était à la maison avec elle ? Fitz se sentir encore plus mal à l’aise et redoublait d’effort pour ne rien laisser paraître. Malgré tout, il fit signe à Lyanna de répondre par la négative, mais c’était trop tard, l’adolescente venait d’avouer sans résister. Et de toute évidence, cela avait l’air de déplaire à monsieur Johnston qui peinait sûrement à croire les fausses allégations de sa fille unique. Vint ensuite madame qui prit quelques secondes pour parler à sa fille, avant que cette dernière ne lui demande s’il était possible qu’ils rencontrent Karl avant Noël. Une perspective qui sortit le pauvre Karl de ses pensées alors que la conversation téléphonique prenait fin.

— Grillés ? Non je pense que le terme le plus adéquat est “carbonisé”. Ton père avait l’air tendu à la simple idée de te savoir ici avec moi. Et je n’ai pas non plus l’impression qu’il apprécie le fait qu’il soit question de quelqu’un de la Red House, je me trompe ? Je crois bien que je vais devoir sortir les rames non ?

La soirée se passaient magnifiquement bien, Lily était aux anges d’avoir son petit ami rien que pour elle dans la maison familiale désertée de tout adulte. Le (second) dîner était visiblement commandé, mais la douche fut écourtée par un appel téléphonique… et quel appel ! Emmitouflée dans sa serviette et mettant un peu d’eau partout, la jeune fille tâchait de ne pas perdre contenance face à la voix d’un papa suspicieux qui posait beaucoup de questions, en lui laissant que peu de temps pour répondre. Et Lyanna se refusait à mentir à son père donc malgré le signe négatif de Karl, elle avait dit qu’elle n’était pas seule à la maison et que son petit ami était avec elle. Sa maman posa aussi des questions mais sembla moins sur la réserve. La conversation s’acheva et l’adolescente se laissa tomber assise sur son lit, l’air frais de la climatisation dans ses cheveux.

- Désolée, je peux pas mentir à mes parents. Carbonisés alors ?

Elle soupira.

- Oui, je crois qu’il est tendu de me savoir ici avec toi sans surveillance, parce qu’il redoute qu’on puisse faire ce qu’on a déjà fait. Ça reste un papa. Les papas des filles sont beaucoup comme ça, j’ai remarqué. Le tien il va te dire que t’es un Dom Juan, moi par contre, ça risque d’être une autre paire de manches…

Elle soupira à nouveau.

- Ton père est connu chez les sorciers je crois. Ma famille est dans la magie blanche depuis le XVIIème siècle, mais je crois pas que ça pose un souci, ne t’en fais pas, pas de rames. Si tes parents ont été adorables avec moi, je vois pas pourquoi les miens ne le seraient pas. En tout cas, ce sera pas une histoire d’orientation magique. Ma mère a dit qu’ils allaient venir passer le week-end à la fin du mois, je vais pouvoir te les présenter si tu veux toujours, ajouta-t-elle avec un petit sourire, espérant que tout cela ne l’aurait pas refroidi.

La jeune sorcière se releva pour chercher des vêtements propres à enfiler, le reste de ses affaires étant resté chez les parents de Karl.

- La commande ne va pas tarder à arriver… Au fait, t’as pensé à comment on allait regagner ta chambre sans que tes parents nous entendent ?

Elle parlait tout en enfilant un jeans et un T-shirt noir par-dessus ses sous-vêtements, quand soudain, la sonnette retentit.

- Ah, les sushis ! Tu viens ?

La brunette se précipita dans les escaliers, s’arrêta à son sac pour prendre de l’argent et payer le livreur.
Une fois la porte refermée, elle alla tout déposer à table.

Il est vrai que Karl aurait préféré être introduit différemment qu’au détour d’une conversation téléphonique surprise ; avec un père visiblement pas ravi de savoir sa fille unique seule avec son petit ami. S’il n’y avait que ça. De toute évidence, le fait de savoir que le petit ami en question était le fils d’Arthur Fitzgerald, n’enchantait pas davantage le patriarche Johnston qui n’avait point manqué de le faire savoir à l’autre bout du fil. Toutefois, le jeune Fitz pouvait compter sur la bienveillance de madame Johnston qui semblait plus encline à faire connaissance avec le petit ami de sa fille. Une perspective que l’adolescent était bien décidé à saisir malgré l’appréhension et la possible hostilité du père de Lyanna. Et alors que cette dernière achevait sa conversation téléphonique, Karl tâchait de reprendre contenance et de faire jouer son humour pour résumer la situation.

— Oui je sais que mentir n’est pas ce que tu fais le mieux.  À son tour, il vint s’asseoir sur le lit, savourant au passage la faible brise délivrée par le climatiseur. Lyanna se livra alors à un premier soliloque non sans émettre un soupire introducteur qui en disait long sur la suite qui présentait de façon juste sa relation père-fille. — Je dois reconnaître que je n’avais pas vu les choses sous cet angle. Mais tu sais avec mon père je n’ai pas l’habitude d’avoir ce genre de conversation. Lui il est plutôt rigide dans son approche donc pas du genre à me considérer comme un Don Juan. Un père qui revint presque aussitôt dans la discussion lorsque Lily évoqua de prime abord, l’appartenance de sa famille à la magie blanche, et ce depuis plusieurs siècles.

— Eh bien là-dessus difficile de rivaliser. Cela dit, ma mère vient d’une famille qui était elle aussi dans la magie blanche. Peut-être qu’elle sera ma carte joker au cas où ?  Rassurante à souhait, Lily sut à nouveau trouver les bons mots en mettant en exergue le fait que les parents de Karl avaient été adorables et qu’il n’était pas difficile d’imaginer que les siens en fassent de même avec Fitz ; malgré son appartenance à la Red House. — Si tu es confiante je le suis aussi. Et puis il va bien falloir que je rencontre tes parents un jour non ?  Une question rhétorique laissée en suspens tant il était évident que le jeune Fitz ne décline point l’invitation au risque de perdre à nouveau des points avec le père Johnston.

Nos adolescents avaient désormais d’autres préoccupations ; entre autres celle de s’habiller avant de recevoir le semblant de dîner commandé en amont par Lyanna. Ne la quittant pas du regard et amusé par la question qu’elle venait de poser, Karl se redressa à son tour pour achever de se rhabiller. — Honnêtement, je n’ai pour ainsi dire prévu aucun plan pour le retour. Cela sera de l’improvisation, bien que je doute que ma mère m’en veuille d’avoir fait le mûr. C’est plus pour la forme.  Et à peine eurent-ils fini d’enfiler ce qui pouvait l’être, que la sonnette retentit les obligeant à s’activer davantage pour regagner l’étage inférieur. Les sushis étaient là et l’appétit de tout à chacun aussi.

Après avoir réglé la note, Lyanna guida son sorcier jusque dans le salon pour qu’ils puissent se repaitre de ce fabuleux festin asiatique. C’était agréable, autant que cela demeurait simple, une simplicité qui n’était pas pour déplaire à Karl Fitz pourvu d’un sourire qui ne quittait désormais plus son regard. — J’y pense, il va falloir que tu me coaches un peu pour que j’évite certains sujets avec ton père non ?  La légèreté était de mise, bien qu’une légère appréhension se fasse sentir dans le regard azuré du jeune sorcier qui continuait à savourer ses sushis sans aucune modération ; loin de se douter que la première rencontre allait se faire sous peu, plus rapidement que prévu.

Force était de constater que les relations avec leurs parents étaient aussi différentes que la magie que lesdits parents pratiquaient. Mais les géniteurs des deux jeunes sorciers avaient un point commun: ils aimaient leur progéniture.
Lily se sentait incapable de mentir à ses parents et ne voulait de toute façon pas essayer. Ils lui faisaient suffisamment confiance pour la laisser suivre ses études dans l'établissement magique le plus réputé d'Amérique alors que eux étaient repartis à Salem, elle ne voulait pas les décevoir.

- Je suis capable de mentir, je ne veux pas le fairem nuance jeune padawan. Je trouve que mentir n'est pas flatteur pour la personne qui y procède, pour moi, c'est comme assumer d'être une personne qui n'est pas digne de confiance, et je veux pas en être, expliqua-t-elle avec un haussement d'épaules désinvolte.

Taquine, Lily sourit à son petit ami qui décrivait sa relation avec son père.

- Comment, t'es en train de me dire que le grand Arthur Fitzgerald ne parle pas drague avec son fiston ?

Cependant, Karl semblait inquiet de la rencontre avec les parents Johnston, et la jeune fille voulait absolument rassurer son chéri.

- Oui, on a qu'à dire ça, on garde ta super maman comme joker. Sérieux je l'adore ta mère, elle est tellement cool ! Quant qux miens, oui je veux qu'ils rencontrent l'homme de ma vie enfin ! déclara-t-elle d'un air amusé mais qui servait surtout à masquer le fait que ses mots avaient trahi sa pensée.

Mais la jeune Lyanna était bonne actrice et savait se sortir des situations qui pouvaient se montrer potentiellement embarrassantes.

- Vaudrait mieux ne pas se faire prendre quand même, je veux pas que ta maman pense que j'ai une mauvaise influence sur toi... Même si c'est peut-être un petit peu vrai, monsieur "je vais jamais à des soirées".

Et enfin, au grand bonheur de leurs estomacs, la livraison arriva. Un magnifique plateau de sushis colorés et appétissants. Une fois la table mise et l'assortiment au centre de la table, chacun put, à l'aide des baguettes fournies, se servir. Alors que Lily enfournait dans sa bouche un énorme maki à l'avocat, Karl fit part de nouveau de ses angoisses quant à la confrontation avec le père de sa petite amie.

- Arrête de ch'trescher mon chéri, dit-elle la bouche pleine avant d'avaler sa bouchée et de rire. Ne lui parle pas de nos nuits clandestines, et ça devrait aller.

Elle lui fit un clin d'oeil avant de manger un autre maki et de reprendre la parole.

- Parle-lui de tes études, du fait qu'en première année tu étais major de promo, que cette année c'est bien parti pour aussi.

La soirée se termina toujours sous le signe de la bonne humeur, le retour fut qussi couronné de succès, et la semaine put reprendre dès le lundi.

La fin du mois arriva tout aussi vitem avec les parents de Lyanna qui lui firent la surprise de venir la chercher le vendredi soir à l'Academy, elle qui pensait ne les voir que le samedi matin. Elle leur sauta dans les bras. Voilà presque trois mois qu'elle ne les avait pas vus, ce qui pouvait faire long pour une toute jeune fille de tout juste quinze ans. Le chemin du retour en voiture fut parsemé de questions de part et d'autre, tandis que les deux familiers des parents Jonhston, ne boudant pas leur joie de revoir leur petite protégée, s'étaient blottis contre elle dans la voiture.

"- C'est donc demain soir qu'on reçoit ton chéri ma puce ? Il va falloir qu'on fasse les courses. Qu'est-ce que tu veux qu'on prépare ?" avait demandé la maman tandis que le papa grommelait au volant de la grosse berline de marque allemande.

- Ce que tu veux, mais une tarte au citron meringuée en dessert, c'est possible ?

La maman acquiesça tandis que Mr Johnston garait la voiture dans l'allée.
La nuit fut paisible bien que courte pour une jeune adolescente excitée comme une puce à l'idée de présenter son petit ami à ses parents. Le samedi matin fut consacré aux courses pour mère et fille, tandis que le père lavait sa voiture et entretenait son jardin et sa piscine. Lily envoya plusieurs messages à Karl au court de la journée, lui faisant part de sa joie et aussi de l'impatience de ses parents à le rencontrer.
Puis, en début d'après-midi, ils préparèrent tous ensemble le repas, les filles s'occupant de la tarte au citron végétalisée, le papa des petits canapés apéritif, avant de finalement préparer entrée et plat de résistance. Tout était prêt et reposait au chaud, Lily se précipita dans sa chambre pour aller se préparer. Une bonne douche et elle enfila une tenue dans laquelle elle se sentait jolie puis redescendit pour attendre son chéri... Qui ne tarda pas à sonner.

- J'y vaiiiiis ! cria-t-elle plus fort qu'elle l'avait voulu.

Cavalant jusqu'à la porte d'entrée, elle ouvrit, tout sourire.

- Bonsoir !